Bénévole : s’engager au service des autres

En France, près d’une personne sur quatre est bénévole dans une association. Vous souhaitez vous investir dans le bénévolat et vous vous posez de nombreuses questions : est-ce vraiment fait pour moi ? Puis-je concilier cet engagement avec mon emploi du temps ? Que l’on soit étudiant, salarié, retraité ou demandeur d’emploi, sur le terrain, dans un bureau ou à distance depuis chez soi, chacun peut trouver chaussure à son pied et s’épanouir en aidant les autres ou en défendant une cause.

Si la crise sanitaire et les confinements successifs ont accentué les inégalités, ils les ont aussi rendus plus visibles. Refuser de se replier sur soi-même « en attendant que ça passe », c’est l’attitude qu’ont adoptée un grand nombre de Français. Beaucoup n’ont en effet pu se résoudre à fermer les yeux et l’on a pu assister à un regain d’engagement et de solidarité. Malgré les contraintes, les restrictions de déplacement et la peur du coronavirus, le bénévolat n’a pas faibli. Contre toute attente, il s’est même renforcé. « Dès le début de la crise sanitaire, on a décidé de ne pas trop subir ce qui est en train de se passer et de profiter de cette période qui empêche le lien pour justement en recréer, expliquait, fin janvier 2021 à Sudouest.fr, Jérémie Ballarin, co-fondateur du Wanted community, un groupe d’entraide Facebook qui compte 170 000 membres rien qu’à Bordeaux. On a donc mobilisé la communauté Wanted pour préparer des repas, aider les associations autour de nous, en faveur des personnes précaires. » L’hyperconnexion des jeunes a eu un effet mobilisateur en ces temps de crise où les gens ne peuvent pas sortir.

Les jeunes prennent la relève

Cette période de pandémie a vu se multiplier les gestes de solidarité (voir Le Mutualiste de juin 2020). De nombreux Français ont choisi de venir en aide aux autres. Du portage de courses à ses voisins âgés à la fabrication maison de blouses pour les soignants, en passant par des heures de soutien scolaire, beaucoup sont devenus bénévoles sans le savoir. « Les associations ont vu venir à elles énormément de nouveaux bénévoles, témoigne Élisabeth Pascaud, ancienne vice-présidente de France Bénévolat, notamment de jeunes actifs qui ne voulaient pas rester chez eux et souhaitaient donner gratuitement de leur temps. » Alors que les plus de 65 ans étaient obligés de se mettre en retrait pour se préserver du virus, les associations ont dû se réinventer. « Ça a pris un peu de temps, poursuit-elle, car elles n’étaient pas prêtes, mais elles se sont réorganisées et ont développé d’autres modes d’action, comme les appels de soutien au téléphone. » Même s’il est encore trop tôt pour faire un bilan, pour savoir si les plus âgés reviendront et si les plus jeunes resteront, le constat est le même un peu partout : « La pandémie a dopé la solidarité », se réjouit Elisabeth Pascaud, avant d’ajouter : « C’est évidemment très bien d’aider dans l’instant, mais il faut aussi voir à plus long terme car les associations développent des aides qui s’inscrivent dans la durée. C’est la raison pour laquelle, même si on n’a pas beaucoup de temps, c’est bien de se relayer entre bénévoles, comme dans une course de relais, afin que même une action ponctuelle puisse être poursuivie dans la continuité. Lorsque l’on rend visite à une personne âgée qui perd un peu la tête, par exemple, il est bien de s’arranger à plusieurs pour lui permettre de faire le lien. »

Une manière d’être acteur dans la société

Les occasions qui poussent les gens à franchir le pas et à s’engager dans une mission bénévole sont diverses. La volonté d’être utile à la société en est souvent la raison sous-jacente. À l’instar d’Adrien Bourgeade, doctorant, qui s’est engagé dans le bénévolat pour la première fois à l’âge de 18 ans : « J’étais alors en école préparatoire scientifique et de ma résidence étudiante, j’avais vue sur une affiche qui proposait d’appeler un numéro pour faire une mission de bénévolat, raconte le jeune homme aujourd’hui âgé de 25 ans. J’en ai parlé à un ami, et on a appelé. » Cette première expérience consistait à élaborer des jeux d’éveil auprès d’un jeune de 16 ans atteint d’autisme. « J’avais besoin de faire autre chose, explique-t-il. Je ne faisais que travailler. Le lundi soir, cela me permettait de souffler. C’était en quelque sorte une soupape. Ce jeune patient était très atteint, il ne parlait pas. Sa mère, qui était femme au foyer, nous aidait, en interaction avec un psychologue. Avant de commencer, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre et ça m’a vraiment plu. » Après cette première expérience du bénévolat, d’autres se sont succédé. Adrien Bourgeade a continué, d’une manière ou d’une autre, à aider des jeunes en souffrance. « Ensuite, j’ai intégré l’Enseeiht (une grande école d’ingénieurs à Toulouse, NDLR), j’ai rejoint l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) de Toulouse, qui proposait des actions de bénévolat. J’y tenais ponctuellement un stand afin d’y présenter le métier d’ingénieur et de montrer que ce dernier n’était pas réservé à une élite. »

S’engager pour mieux se trouver

« Quand on est étudiant, on a l’impression que les études sont gratuites, souligne le jeune homme. J’étais boursier et j’aime à dire que ma scolarité m’a coûté 35 euros. J’avais l’impression de devoir quelque chose à la société. » Issu d’un milieu modeste, si Adrien a réussi ses études, c’est selon lui grâce à l’aide d’un ami qui l’a soutenu quand il en a eu besoin. « Il y a des gens, des rencontres qui peuvent changer des vies. Aujourd’hui, je fais un doctorat. Ma vie aurait été différente si je n’avais pas fait certaines rencontres. J’ai voulu en quelque sorte rendre ce que l’on m’avait donné. Je suis la preuve que des élèves qui ont des difficultés à la base peuvent très bien réussir grâce à l’aide de personnes bien intentionnées. » Aujourd’hui, Adrien consacre près de quatre heures de son temps par semaine au bénévolat, au sein de l’association Parrain pour mille, qui met en relation des adultes et des filleuls, des enfants de mères isolées, des migrants. Le dimanche, il encadre pour du soutien scolaire en terminale un jeune Guinéen qui a traversé la Méditerranée au péril de sa vie pour venir faire des études en France. « Je l’aide pour ses devoirs et pour préparer le bac », précise-t-il. Il accompagne également, en sciences, des petits groupes d’élèves issus de milieux défavorisés.

La solidarité fonctionne dans les deux sens. Si le bénévolat a pour but d’aider les autres de manière désintéressée, il fait du bien aussi à celui qui le pratique. « Un bénévole qui avait passé pour la première fois un soir de Noël aux Restos du cœur, relate Elisabeth Pascaud, m’a dit qu’il avait fait cela par devoir mais que dorénavant, il allait s’organiser pour le faire plus souvent, car il y avait pris du plaisir. » Pendant les confinements, notamment, le bénévolat a représenté une bouffée d’air pour beaucoup, en leur permettant d’avoir des interactions sociales et de se rendre utiles.

En 2019, 2 Français sur 5 (38 %) « donnent du temps pour les autres, pour une cause », soit 20 millions de bénévoles. Parmi eux, 13 000 000, soit 2 sur 5, le font dans un cadre associatif.

Source : France Bénévolat, Le Mutualiste. Crédit : Shutterstock