Santé sexuelle : une question de prévention

« Quelle contraception choisir ? », « Comment bien me protéger ? », « Où puis-je me faire dépister ? », « Suis-je normal ? ». Quel que soit son âge, on n’a jamais fini de s’interroger sur sa sexualité. Que l’on soit célibataire ou non, que l’on veuille fonder une famille ou pas, elle tient une place importante mais il n’est pas toujours facile d’en parler et de trouver les réponses. Pourtant, elle touche aussi à notre santé, tant physique que psychique, et nécessite une approche de prévention globale et positive.

La santé sexuelle est « un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social associé à la sexualité », d’après la définition adoptée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2002. « Elle ne consiste pas uniquement en l’absence de maladie, de dysfonction ou d’infirmité », précise-t-elle avant d’ajouter: « La santé sexuelle a besoin d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, et la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence ».

Se sentir « safe » et satisfait

La santé sexuelle touche à la fois à la sexualité et à la santé reproductive mais également au domaine sociétal. La prévention joue alors un rôle essentiel en donnant les clés aux individus et en les informant. Elle s’appuie sur trois piliers: l’autonomie, la sécurité et la satisfaction. « Toute personne doit pouvoir décider librement de ce qui touche à sa sexualité, en choisissant le(s) partenaire(s) de son choix et les pratiques sexuelles qu’elle souhaite, sans discrimination ni coercition », explique Santé publique France. Pour une sexualité sans risque, il est important que chacun soit « safe », c’est-à-dire en sécurité et protégé. Et c’est une condition indispensable à la « satisfaction sexuelle ». Il ne s’agit pas là que de plaisir, rappelle Santé publique France, « les dimensions sociales (adéquation de sa sexualité vécue ou de son potentiel avec ses aspirations propres, ses valeurs), psychiques (estime et image de soi) ou encore émotionnelles (présence et qualité des relations affectives) ont un impact majeur » sur ce ressenti. L’objectif est bien là d’atteindre un état général de bien-être.

Avoir le choix

Dans ce cadre, la contraception fait partie des thématiques prégnantes. Il existe aujourd’hui toute une panoplie à la disposition des femmes : pilule, dispositif intra-utérin (DIU), implant, patch, anneau, injection, stérilisation, préservatif, méthodes dites naturelles… La pilule reste toutefois la plus utilisée : 36,5 % des femmes en âge de procréer la prennent selon le Baromètre santé 2016 de Santé publique France. En cas d’accident ou de rapport mal protégé, la contraception d’urgence hormonale est également disponible. Il est possible de se procurer cette méthode « de rattrapage » sans ordonnance, directement en pharmacie et elle est gratuite pour les mineures. Environ 6 % des femmes âgées de 15 à 49 ans y ont eu recours en 2018 d’après les chiffres du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH). En France, une femme, majeure ou mineure, peut par ailleurs demander une interruption volontaire de grossesse (IVG). Cette pratique est strictement encadrée et le délai légal pour avorter est de cinq à sept semaines de grossesse pour la méthode médicamenteuse, selon qu’elle est assurée en cabinet de ville ou en établissement de santé, et jusqu’à la fin de la douzième semaine pour la méthode chirurgicale. La question des délais continue de faire couler beaucoup d’encre. En témoigne la publication, cinquante ans après celle du « Manifeste des 343 » — où des femmes célèbres et anonymes ont déclaré avoir avorté — d’une tribune signée là encore par 343 femmes dans Le Journal du dimanche du 3 avril 2021. Ces dernières réclament un allongement de ces délais légaux au nom de la « liberté de disposer de son corps ». Le 12 avril, la Haute autorité de santé (HAS) s’est dite favorable à la pérennisation de l’allongement à neuf semaines du délai pour l’IVG médicamenteuse qui avait été mis en place de manière transitoire à la suite du premier confinement et ce, quel que soit le lieu où elle est pratiquée.

Se protéger aussi des idées reçues

Autre volet de la santé sexuelle, la protection contre les infections sexuellement transmissibles (IST) reste toujours d’actualité. À l’occasion de la dernière édition du Sidaction, un sondage Ifop publié le 22 mars a démontré une augmentation des fausses croyances vis-à-vis du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) chez les jeunes. À titre d’exemple, 24 % des personnes interrogées pensent que l’on peut être contaminé en embrassant une personne séropositive: un chiffre en hausse de 9 points par rapport à 2020. Et ces préjugés peuvent avoir un impact sur la santé des jeunes puisque seuls 34 % d’entre eux disent avoir utilisé systématiquement un préservatif lors d’un rapport sexuel (moins 9 points en un an). L’institut impute ces reculs à la crise sanitaire : « la surreprésention du Covid-19 dans l’espace social et médiatique a entamé les connaissances sur la maladie », analyse-t-il. Alors qu’environ 6 200 Français découvrent leur séropositivité chaque année, il faut encore rappeler que la meilleure protection contre le VIH, mais aussi contre les autres IST, reste le préservatif féminin (interne) ou masculin (externe).

Stop aux violences

Ces dernières années, la lutte contre les violences, qui a trait également au domaine de la santé sexuelle, a été érigée en priorité. « L’épidémie de Covid-19 et la hausse des violences domestiques et sexuelles pendant les confinements qu’elle a engendrée ont plus particulièrement mis en lumière ce problème », constate Caroline Rebhi, coprésidente du Planning familial et coordinatrice du programme Genre et santé sexuelle. Dans les groupes de parole qu’elle organise pour les lycéens, les femmes ou les personnes en situation de handicap, l’actualité alimente les discussions. « En début d’année, c’est le mouvement #MeTooInceste qui, à son tour, a permis aux victimes de ces abus de s’exprimer », ajoute-t-elle. En mars, dans la foulée des nombreuses prises de parole publiques, les députés ont d’ailleurs fixé à 15 ans le seuil de « non-consentement » pour les mineurs victimes d’actes sexuels de la part d’adultes et à 18 ans pour les victimes d’inceste. Ces violences ont un fort impact sur la santé des victimes et c’est le cas également des cyberviolences. Le « revenge porn », par exemple, est un phénomène qui prend de l’ampleur chez les jeunes. Cette pratique consiste à se venger d’une personne en rendant publiques des photos ou des vidéos d’elle à caractère pornographique. « Il faut rappeler que cet acte est un délit aux yeux de la loi », insiste Caroline Rebhi qui ajoute: « C’est la personne qui partage ces contenus sans le consentement de l’autre qu’il faut blâmer et pas celui ou celle qui s’est pris en photo. » La lutte contre les violences concerne toutes les classes d’âge, les seniors aussi. « Nous recevons de plus en plus de demandes de maisons de retraite, indique Caroline Rebhi. Elles nous sollicitent pour organiser des groupes de parole autour de cette thématique avec leurs résidents. »

Source : Le Mutualiste - Auteur : Léa Vandeputte